Depuis la guerre froide, la sécurité a évolué, passant de la sécurité de l'État et de ses ressources à un sens plus large qui va au-delà de la survie des nations. Aujourd'hui, la sécurité englobe l'environnement, l'économie, la santé mondiale, la cyber-sécurité, la biosécurité, la pression démographique et l'immigration, la criminalité transnationale, la sécurité de l'eau et de l'alimentation, et les droits de l'homme.
La mégatendance des énergies alternatives est un phénomène à la fois technologique et social qui reflète la capacité croissante de la société à imposer sa volonté sur les agendas de sécurité, en particulier sur la sécurité environnementale.
Cela nous amène à la question suivante : quelle est la pertinence de la mégatendance des énergies alternatives en matière de sécurité environnementale ?
- Géopolitique de l'environnement
Les menaces pour l'environnement ne tiennent pas compte des frontières nationales, ce qui fait de la sécurité environnementale une question hautement politisée, non seulement au sein des nations mais aussi entre elles. Malheureusement, les politiques conçues pour faire face aux menaces sur l'environnement ont historiquement été limitées dans leur portée et leurs résultats. Les intérêts et les objectifs divergents ont donné lieu à diverses approches transfrontalières qui n'ont pas donné lieu à des avancées concrètes. Le manque d'actions politiques viables est dû, dans une certaine mesure, au fait que les États distinguent la sécurité environnementale des menaces explicites pour les intérêts nationaux. Les menaces environnementales se sont souvent avérées trop diffuses, leurs causes trop difficiles à déterminer et leurs effets trop difficiles à mesurer pour devenir une priorité exploitable dans les agendas de sécurité nationale. Cela dit, les menaces pour l'environnement sont devenues plus tangibles et sont de plus en plus identifiées comme un risque systémique mondial.
Cette semaine, l'armée américaine a publié sa première stratégie climatique. La stratégie révèle que les stratèges militaires sont de plus en plus préoccupés par les implications du changement climatique en matière de sécurité, notant "un risque accru de conflit armé dans les endroits où les ordres sociaux établis et les populations sont perturbés. Le risque augmentera encore lorsque les effets du climat aggraveront l'instabilité sociale, réduiront l'accès aux produits de première nécessité, mineront les gouvernements et les économies fragiles, endommageront les infrastructures vitales et réduiront la production agricole." Ce point est important. La relation de cause à effet entre la sécurité environnementale et les conflits violents est désormais plus claire.
Essentiellement, les menaces environnementales seront un intégrateur d'autres risques. Comme l'a souligné Javier Solana, les menaces telles que le changement climatique "agissent comme un multiplicateur de menaces, aggravant les tensions existantes dans des pays et des régions qui sont déjà fragiles et sujets aux conflits". L'insécurité environnementale créera donc d'autres problèmes de sécurité qui accentueront les divisions géopolitiques. À ce stade, les énergies alternatives entrent dans le débat sur la sécurité environnementale en tant qu'outil viable pour relever les défis de la sécurité environnementale en constante évolution.
- Une solution tangible
Stimulée à la fois par les progrès technologiques et les attentes de la société, cette mégatendance promet des avantages en matière de sécurité environnementale dans la mesure où les énergies alternatives constituent une solution tangible aux défis environnementaux les plus pressants. En tant que nouvelle pièce de la boîte à outils politique, les énergies alternatives offrent de nouvelles possibilités d'influencer les considérations géopolitiques, environnementales et de sécurité globale. Ils ont été largement acceptés, façonnant la définition et, surtout, la pratique de la sécurité environnementale elle-même.
Les énergies renouvelables pourraient fournir quatre cinquièmes de l'électricité mondiale d'ici à 2050, ce qui réduirait considérablement les émissions de carbone et contribuerait à atténuer le changement climatique. Beaucoup de choses doivent être faites pour que cela devienne une réalité. Mais il faut savoir que "selon les estimations, 30 % de la population mondiale vivra en 2070 dans des régions où la température annuelle moyenne n'est actuellement que de 0,8 % de la surface de la Terre". Et "la Banque mondiale prévoit que, rien qu'en Afrique subsaharienne, les changements climatiques obligeront entre 57 et 86 millions de personnes à quitter leur foyer d'ici 2050". Dans ce contexte, le rôle des énergies renouvelables devrait devenir encore plus important.
- La généralisation de l'idéologie verte
Un autre aspect intégrant la mégatendance et la sécurité environnementale est le lien idéologique perçu entre les énergies alternatives et le bien-être, la santé et la prospérité de l'homme. De la recherche d'un mode de vie sain à l'impératif d'une "vie verte", les questions de sécurité environnementale font partie de la vie quotidienne, sont ancrées dans l'idéologie et façonnent le développement, le bien-être et la sécurité. Des groupes disparates - des clubs de conservation et des partis verts européens aux fonds d'investissement climatiques, en passant par les tendances ESG des entreprises et l'adoption par les grandes compagnies pétrolières d'émissions nettes nulles - les PDG et les dirigeants politiques ont convergé pour former un mouvement moderne, mondial et conscient de l'environnement, qui reconnaît l'importance de politiques environnementales durables et efficaces. Les jardins sur les toits de Paris ou les programmes de vélos en libre-service à New York et à Londres ne sont peut-être pas une surprise. Cependant, un nombre croissant de villes de pays en développement, comme Belo Horizonte, Bogota et Accra, ont mis en place des initiatives "vertes" de grande envergure pour gérer la croissance de la population urbaine, l'élimination des déchets et la gestion de l'eau.
Certains défenseurs de la sécurité environnementale affirment que les énergies alternatives constituent la solution universelle aux menaces environnementales. Le concept de sécurité environnementale est donc sur le point d'être redéfini et transformé en "sécurité de l'habitat humain", et la mégatendance devrait jouer un rôle important dans ce processus.